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BPCO et pollution atmosphérique : quels liens ?

Si le tabac demeure le principal risque de développer une BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive), reste que les pollutions de l’air sont également mises en cause. Explications. 

En France, près de 3,5 millions de personnes (7,5 % de la population adulte) sont atteintes de BPCO dont un million de malades à un stade symptomatique. Responsable de 800 000 journées d’hospitalisation chaque année, la BPCO tue environ 16 000 personnes annuellement : elle représente ainsi 3 % des décès dans l’Hexagone. Des chiffres qui soulignent l’importance de la prévalence de la maladie. Les premiers concernés sont les fumeurs : ainsi le corps médical estime qu’à partir d’un paquet par jour pendant 15 ans, le risque de développer cette pathologie devient « significatif ». On dit même que pour une exposition moindre, le tabagisme, y compris le tabagisme passif, constitue un risque dont il faut tenir compte.

Les fumeurs, mais pas que… 

Chaque année en France, le tabac est ainsi responsable de près de 60 000 morts et parmi eux, 17 500 sont atteints de BPCO ! En cause, les substances toxiques néfastes contenues dans le tabac comme le benzopyrène ou encore les nitrosamines, et les aldéhydes. Au total, lafumée de cigarette contient plus de 4 000 substances chimiques, toxiques et cancérogènes ! L’Académie de médecine précise même que cette fumée, extrêmement nocive, constitue « la source la plus dangereuse de pollution de l’air domestique, en raison de sa concentration élevée en produits toxiques, mais aussi parce que nous y sommes exposés à tout âge et pendant des périodes beaucoup plus longues que celles où l’on subit une pollution atmosphérique extérieure ».

Le corps médical estime qu’à partir d’un paquet par jour pendant 15 ans, le risque de développer cette pathologie devient « significatif »

La pollution atmosphérique en cause aussi ?

Pour autant le risque induit par la pollution atmosphérique extérieur ne peut pas être écarté. Loin s’en faut. L’Agence européenne pour l’environnement indique d’ailleurs que la pollution de l’air provoque plus de 400 000 décès prématurés par an sur le continent européen. Dès lors, la pollution atmosphérique est la première cause environnementale de décès prématurés. S’il est difficile d’établir un lien avéré avec l’apparition d’une BPCO, il est pourtant des effets concordants entre certains polluants extérieurs et altération de la fonction respiratoire, notamment via le stress oxydatif. Ainsi, le rapport GOLD (Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease – initiative globale contre la BPCO) a reconnu la pollution (intérieure et extérieure) comme l’un des facteurs de risque mineurs de la BPCO.

Les substances toxiques de l’air

Chaque être humain respire en moyenne 15m3 d’air par jour ce qui fait que l’impact de la qualité de l’air peut avoir des conséquences à court, moyen ou long terme, sur la fonction respiratoire. Ozone, particules en suspension (poussières, pollens…), monoxyde de carbone, dioxyde de soufre, dioxyde d’azote ou encore sulfure d’hydrogène… mais aussi métaux lourds (plomb, mercure…), hydrocarbures (benzène, formaldéhyde, trichloréthylène…) sont autant d’agents chimiques potentiellement délétères. Ainsi, certains polluants font l’objet d’une surveillance. Si le risque est donc qualifié de mineur, il n’en demeure pas moins que les malades atteints de BPCO sont des sujets que leur maladie respiratoire rend plus sensibles aux effets de la pollution atmosphérique.

Si le risque est donc qualifié de mineur, il n’en demeure pas moins que les malades atteints de BPCO sont des sujets que leur maladie respiratoire rend plus sensibles aux effets de la pollution atmosphérique.

En outre, il est important de ne pas négliger les effets néfastes de la pollution intérieure : l’humidité, les carburants de biomasse utilisés pour la cuisine et le chauffage, les produits ménagers, les appareils à combustion, la moquette (ou autres revêtements de sol), les poils d’animaux peuvent favoriser certaines affections respiratoires… Certes, il n’a pu être établi jusqu’alors un lien formel de causalité entre développement d’une BPCO et polluants atmosphériques, pour autant, on peut logiquement se questionner sur les effets respiratoires de la pollution sur le long terme.

Pollution atmosphérique : 400 000 décès chaque année

Selon la Commission européenne, chaque année, plus de 400 000 citoyens meurent prématurément dans l’UE du fait de la mauvaise qualité de l’air, soit plus de dix fois le nombre de décès imputables aux accidents de la route. On sait aussi que la pollution de l’air provoque en outre des maladies respiratoires et cardiovasculaires chez des millions d’Européens.

Si la politique de l’Union en matière de qualité de l’air a permis de réduire considérablement les concentrations de polluants nocifs, tels que les particules, le dioxyde de soufre (principal responsable des pluies acides), le plomb, les oxydes d’azote, le monoxyde de carbone et le benzène, d’importants problèmes subsistent encore. On sait, par exemple, que les limites journalières et annuelles moyennes de concentration en particules sont régulièrement dépassées dans de nombreuses villes et dans plusieurs régions d’Europe. Or, les particules fines et l’ozone, en particulier, représentent une menace majeure pour la santé.

Les particules fines et l’ozone, en particulier, représentent une menace majeure pour la santé.

Particules fines : que doit-on craindre ?

Nombreux, en effet, sont les travaux scientifiques qui ont montré que l’impact de l’augmentation des niveaux de particules dans l’air était responsable de nombreuses maladies et décès. Selon l’OMS, dès lors que nous sommes exposés à des niveaux de concentrations supérieurs au seuil acceptable (c’est-à-dire supérieur à 10 µg/m3), notre espérance de vie est en jeu. On estime même que les personnes âgées de plus de 30 ans perdent 5,8 mois de vie à Paris, 7,5 mois à Marseille et 5 mois à Bordeaux (source : Projet Aphekom de l’INVS). Parmi les pathologies dues à une telle exposition, on évoque les maladies cardio-vasculaires, respiratoires (et donc la BPCO ?), et même les cancers.

BPCO : des professions plus exposées que d’autres…

Il est donc clair que de la qualité de l’air dépend aussi la bonne santé de l’homme. Or quand l’homme évolue dans des milieux plus particulièrement exposés à certaines substances dangereuses voire toxiques, son risque de développer une pathologie est plus prégnant. Alors si pour établir le entre BPCO et pollution atmosphérique, d’autres recherches plus poussées méritent d’être menées, il n’en demeure pas moins que certaines catégories socio-professionnelles semblent plus exposées que d’autres comme par exemple, toutes celles mettant les travailleurs en contact avec des gaz, fumées, poussières, et autres vapeurs toxiques…

Les cinq polluants principaux dommageables pour la santé des personnes et pour l’environnement sont : les particules (PM2.5 et PM10), l’ozone troposphérique (O3), le dioxyde d’azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2).

L’Inserm parle même de « métiers à risque de BPCO » parmi lesquels les travailleurs du secteur minier (exposition à la silice, notamment, aux poussières ou encore aux fumées d’oxyde de fer) et les professions du bâtiment et des travaux publics (exposition chronique et/ou à des niveaux excessifs de gaz, de poussières et de vapeurs). Un risque de BPCO est « également documenté » dans les secteurs de la fonderie et la sidérurgie (exposition à plusieurs particules minérales : poussières métalliques, charbon, silice… et à des gaz ou des fumées (émissions des fours, fumées métalliques, oxyde de soufre ou d’azote). Sans oublier, les employés de l’industrie textile (filature de coton, lin, chanvre ou sisal) qui sont exposés ni les métiers agricoles et d’élevage (notamment les ouvriers travaillant dans des silos, dans la production laitière, l’élevage de porcs ou de volailles ou encore en cas d’utilisation de pesticides).


Pour consulter l’article en intégralité : www.observatoire-sante.fr