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Allergiques, oubliez les sprays antiacariens !

Isabelle Bossé, présidente du Syndicat français des allergologues (Syfal), tire la sonnette d’alarme : les produits antiacariens favoriseraient les allergies au lieu de les atténuer.

Les médecins lancent une alerte et épinglent ces produits souvent nocifs ou inutiles.

Saviez-vous que les produits antiacariens favorisaient les allergies au lieu de les atténuer ? Face à leur popularité, la docteur Isabelle Bossé, présidente du Syndicat français des allergologues (Syfal), tire la sonnette d’alarme. Et invite à la prudence l’hiver, saison où les acariens se multiplient dans des endroits surchauffés et confinés. On vous explique pourquoi il vaut mieux zapper les bombes et couettes estampillées antiacariens.

Des composés irritants. L’asthme est provoqué par des allergies, notamment dues aux acariens, dans 80 % des cas. Ces sprays d’une dizaine d’euros, pulvérisés sur les tissus, matelas et moquettes, promettent justement de tuer ces petites bestioles de la même famille que les araignées et invisibles à l’oeil nu. Mais leur action n’est pas sans risque, selon Isabelle Bossé. «Ils libèrent des composés organiques volatiles qui peuvent irriter les voies respiratoires, les muqueuses oculaires. Certains contiennent aussi des perturbateurs endocriniens et des agents supposés cancérigènes.» Car ces bombes sont, pour la plupart, composées d’un insecticide à faible dose, la perméthrine. Pulvérisées, elles aggravent les allergies chez les personnes aux muqueuses très sensibles des bronches et du nez. «Résultat, elles réactivent la toux, les rhinites et l’asthme.» Rappelons que dans l’Hexagone, 12 millions de Français souffrent d’allergies respiratoires et 3 millions d’asthme. «On les déconseille; mais la publicité souvent mensongère est encore très importante », regrette Pierrick Hordé, membre du Syfal, allergologue à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et directeur éditorial du magazine «le Particulier Santé».

Toujours plus forts. Dans les maisons, où ces bombes sont utilisées, ces petites bêtes à huit pattes développent une résistance à la perméthrine comme l’homme aux antibiotiques. «Aujourd’hui, 50 % de ces bestioles ne sont plus tuées par ces insecticides», affirme Isabelle Bossé, alors qu’un simple courant d’air leur permet de se déplacer d’une pièce à l’autre. Et leur efficacité est dans tous les cas limitée. En effet, ces produits sont pulvérisés à la surface du matelas alors que ce sont les excréments des acariens, à l’intérieur, qui sont les plus irritants.

Et les produits naturels ? Les sprays assainissants bio aux huiles essentielles ne convainquent pas davantage les allergoloques. «On croit qu’ils sont plus sains mais on les soupçonne d’émettre aussi des particules fines qui peuvent irriter les voies respiratoires», tranche Pierrick Hordé. Sur ces produits, un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publié en octobre conclut qu’ils peuvent aggraver la pathologie des asthmatiques.

Vive la housse. Matelas, couettes et oreillers antiacariens sont eux aussi à proscrire. Non seulement cette appellation n’est pas une norme, mais ces objets sont chers et pas forcément utiles. «Les composants qu’ils contiennent s’évaporent en quelques mois», précise Pierrick Hordé. Privilégiez une housse de matelas avec fermeture éclair pour l’envelopper totalement. Selon Isabelle Bossé, certaines sont validées comme Dom’hous et Immunoctem. Les autres, oubliez !

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Aération et ménage

Si les produits chimiques sont déconseillés, rassurez-vous, des réponses existent pour chasser ces animaux microscopiques. Et éviter l’asthme et les rhinites allergiques. Ces solutions ne coûtent pas un centime et s’appellent «aération» et «ménage». On le sait, l’hiver, l’idée d’ouvrir les fenêtres nous donne déjà la chair de poule. Pourtant, ce geste quotidien est indispensable. Les acariens craignent le froid et se développent dans des ambiances surchauffées. Premier geste : aérez votre appartement quinze minutes matin et soir, surtout lorsque le mercure baisse. Limitez la température intérieure à 19 oC.

L’aspirateur, votre meilleur allié

Ensuite, lavez les draps à 60 oC une fois par semaine. Et les oreillers, couettes et couvertures tous les quatre mois, recommande l’allergologue Pierrick Hordé. Autre conseil indispensable : utilisez un chiffon humide, avec de l’eau, pour dépoussiérer les endroits près du lit.

Pas besoin de produits ménagers spécifiques. Ne choisissez pas n’importe quel aspirateur, votre allié contre les acariens. Privilégiez un modèle avec un filtre siglé Hepa, acronyme de haute efficacité pour les particules d’air. Il est conçu pour arrêter des particules 300 fois plus petites qu’un cheveu. Attention au retour de poussière au moment de la vidange du réservoir. Demandez si possible aux personnes qui vivent avec vous de s’en charger. Le docteur Pierrick Hordé recommande de passer l’aspirateur deux minutes par jour autour du lit et en dessous. Isabelle Bossé, elle, considère qu’une fois par semaine est suffisant. Aspirez aussi votre matelas une fois par semaine. Et évitez les bougies parfumées et encens assainissants.

Sachez enfin que des conseillers médicaux en environnement intérieur peuvent se déplacer chez vous pour repérer toutes les sources de pollution éventuelles et vous donner des conseils précis. Selon Pierrick Hordé, «l’Association asthme et allergies vous oriente pour obtenir un diagnostic gratuit».

 

article Fondation du Souffle